Eh les jeunes ! Dolo (bilbil) est mieux que Tramol (Tramadol)
À Ndjamena comme dans les autres villes du Tchad, le dolo appelé bilbil par les Ndjamenois est une bière faite à base de mil ( le sorgho rouge). Je n’en ai jamais bu, car c’est de l’alcool et ma religion me l’interdit. Je ne suis pas entrain d’encourager les jeunes à la consommation d’alcool mais je voulais juste éviter le pire. Vu le nombre de jeunes qui consomment le Tramol (Tramadol) et les dégâts qu’ils commettent, je dirais que le dolo est mieux que le Tramol.

Le bilbil (dolo) est une bière faite à base de sorgho rouge qui est mis en germination. Dès que les grains se fendent et laissent apparaître un germe, on les étale au soleil, pour que la chaleur fasse cesser cette germination. Ensuite, on incorpore les grains dans de l’eau. On fait cuire ce mélange plusieurs fois et sur des feux de puissance variable. Puis on le filtre de manière à ne récupérer que le liquide, le grain était donné aux cochons. Le liquide est cuit bouilli puis refroidi. Lorsqu’il a suffisamment refroidi, on l’ensemence avec une levure sèche pour la fermentation.
La fabrication, à partir de l’incorporation dans l’eau et jusqu’à la mise en fermentation, se fait dans la journée. La levure est ajoutée dans la soirée, et le dolo est prêt le lendemain.
Il est distribué et vendu dans des cabarets (des bars populaires) et des lieux de grandes convivialités. Le dolo est “sollicité” lors de nombreuses manifestations comme les baptêmes, les funérailles, les mariages, etc. En lieu et place de l’argent, on donne aussi souvent du dolo. Il est servi dans des calebasses (une calebasse de dolo coûte 50 FCFA) par celle qui le fabrique, qu’on appelle la « dolotière », ce métier étant exclusivement féminin.
C’est une boisson si nourrissante que certains l’appellent le “pain liquide”. D’autres disent qu’il jouait un rôle important du point de vue nutritionnel pour les populations les plus pauvres. C’est une bière de mil, elle ne doit pas être plus mauvaise que le Tramadol (Tramol). D’après un consommateur de dolo, la différence entre lui et un tramolien (consommateur de Tramol) est que, même s’il se saoule en buvant du dolo, il a le ventre plein.

Le Tramol quant à lui, est un petit comprimé antidouleur. Son équivalent en pharmacie est le Trabar, fait à base de Tramadol qui est un analgésique, vendu uniquement sur ordonnance médicale. Depuis des années déjà, les consommateurs, jeunes pour la plupart, s’en servent comme drogue. Ils disent qu’ils se sentent bien et que même s’ils avaient des douleurs atroces quelques minutes auparavant, après consommation, tout disparaît. Alors les jeunes trouvent ça comme un antidouleur efficace. Même les paysans utilisent le Tramol en guise de fortifiant. Selon certains témoignages, l’utilisation du médicament stimule le producteur à labourer pendant de très longues heures sans se sentir épuisé parce qu’il est sous influence. Après un temps, il devient dépendant du Tramol indépendamment de sa volonté et ne peut plus s’en passer de lui.
Ici à Ndjamena, ce comprimé est beaucoup plus utilisé par les clandomen (ceux qui conduisent les moto-taxis). Ces derniers ont un comportement bizarre dans les circulations.
Le Tramol a aussi ses effets indésirables, non seulement pour le consommateur mais aussi pour la société. Parmi ces effets : constipations, euphorie, troubles de la régulation cardiaque. À ceux-là s’ajoutent le vertige, les nausées, les difficultés respiratoires et des chocs pouvant être fatals.
La plaquette de six comprimés est vendue de 300 FCFA à 400 FCFA. Ce prix est six fois plus que le prix d’une calebasse de dolo (bilbil).
Ma vision dans ces deux mondes (dolo et Tramol) m’oblige à choisir le dolo. Bien que je ne consomme aucun de ces deux-là. Au moins je sais comment est fabriqué le dolo et après tout, il est fait à base de mil et qu’il a un apport nutritionnel. Et vous les jeunes tramoliens, savez-vous comment est fabriqué le Tramol ?
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