Chez moi, il y a ceux vivent et ceux qui survivent
L’écart entre les fortunés et les indigents est trop grand chez moi au Tchad. Nombreux sont ceux qui cherchent à survivre que ceux qui vivent. D’ailleurs il y a des pauvres, des moins pauvres, des riches et des richards. Ce fossé social a aussi des effets sur les enfants. D’une part les enfants gâtés qui ont tout ce qu’il faut durant leur enfance, au-delà de leurs attentes. D’autre part des pauvres enfants dont personne ne s’occupe. Ils sont mal nourris et non pas de jouets, hormis ceux qu’ils se fabriquent. Voilà ce qui caractérise l’enfant d’un richard à celui d’un indigent.
1. L’éducation
Si plus de 80 % des enfants ne sont pas à l’école, c’est parce que la plupart des Tchadiens sont pauvres. Les moins pauvres envoient leurs enfants dans les écoles publiques, là où les maîtres et maîtresses sont mal ou pas payés. Alors ces pauvres enfants n’ont pas cours régulièrement parce que le maître ou bien la maîtresse n’est pas là. Tandis que ceux des riches fréquentent les écoles privées où ils se rendent en voiture.
2. L’alimentation
À l’heure où vous lisez ce billet, il y a des enfants qui n’ont même pas faim et qui sont en train de manger. Il y a aussi des enfants qui ont vraiment faim et qui n’ont rien à manger. Certains mangent n’importe quoi pour remplir le ventre « parce qu’il faut manger pour survivre », souvent des bouillies stériles, sans apport pour l’organisme, alors qu’un enfant doit normalement manger cinq fois par jour. Même à l’école les enfants des pauvres mangent peu ou presque pas, car ils n’ont pas d’argent. Alors que ceux des riches ont des sandwichs dans leurs sacs. Ils ont aussi de l’argent pour acheter quoi qu’ils veulent.
3. La corpulence
physiquement, on peut identifier un homme pauvre et un richard, mais pour identifier les enfants c’est encore plus facile. L’enfant d’un riche a toujours une bonne hygiène corporelle, les cheveux bien coiffés, les ongles bien taillés, des os bien durs, bref un très bon corps. Il est toujours souriant et donc attirant, il est souvent le chouchou de la maîtresse. Tandis que celui d’un pauvre est avant tout affamé, les parents ne s’occupent pas bien de lui, il est souvent morveux, il est toujours fâché et quand on le touche il pleure, bref il est pleurnichard.
4. Habillement
Un enfant d’un riche est toujours bien habillé par rapport à celui d’un pauvre. Il a tellement d’habits qu’il ne sait même pas lequel choisir. Il y a des personnes (les fonctionnaires de rue de 40 m) qui s’occupent de ses habits. Celui d’un pauvre n’a pas de beaux vêtements parce que les parents n’ont même pas d’argent pour la nourriture.
5. Les jouets
Là au moins, les enfants des pauvres ont un avantage (du point de vue technique) par rapport à ceux des riches. Ils fabriquent eux-mêmes leurs jouets, alors que ceux des riches ont presque un parc d’attractions chez eux. Ci-dessous sont deux exemples de ce que ces pauvres enfants construisent :
Le ballon
Si l’enfant du riche a des ballons en cuir ou en plastique, ce pauvre fabrique lui-même son propre ballon en chaussette. Ce dernier est fabriqué à base d’une vieille chaussette, dans laquelle les enfants mettent des sachets en plastique (Leda en Arabe local) jusqu’à ce qu’elle devienne dure et prendre une forme ronde.
Les voitures
Quand les riches ont des voitures télécommandées, les pauvres se trouvent sous un arbre en train de fabriquer leur propre voiture à base de fils métalliques qu’ils ramassent dans des chantiers, ou à base des boîtes de conserve (des boîtes de lait, de sardines, de jus… que les richard ont jeté après consommation) qu’ils récupèrent dans des ordures.
Chez moi, les pauvres demeurent toujours des pauvres et les riches deviennent des richards. Donc il y a toujours ceux qui vivent et ceux qui survivent.
C’est comme ça !
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