khudary

Pour une première fois, la jeunesse Tchadienne fête l’internet

Pour une première fois les jeunes Tchadiens ont fêté l’internet. Cette fête est organisée par le chapitre Tchadien de l’Internet pour la Société (Isoc-Tchad) en partenariat avec le collectif  WenakLabs et d’autres associations qui œuvrent dans le domaine de technologie de l’information et de la communication (TIC).

Les participants dans la salle de conférence crédit: Imrane Ahmat Mahamat

La fête a eu lieu le 27 décembre 2014 à la bibliothèque nationale de N’Djamena. Plus de 300 jeunes venus des quatre coins de la ville y ont participé. Certains (les néophytes) ont bénéficié d’une formation sur la création d’une boîte électronique (Gmail et Yahoo) et aussi la création d’un compte sur les réseaux sociaux (Facebook et Twitter).

Des jeunes en formation sur la création des boîtes électroniques et des comptes sur les réseaux sociaux
En pleine création d’un compte Gmail

Un thème qui parle sur les logiciels libres et l’internet libre a été animé par Abdelsalam Safi, qui invite les jeunes à la migration vers les logiciels libres (open source).

Des éclaircissements sur l’utilisation des réseaux sociaux (la E-réputation, la bonne pratique des réseaux sociaux, etc.) ont été présenté par Abdeldjelil Bachar Bong, Djasra Danngar et Lamana El-hadj.

Abdeldjelil Bachar Bong devant un Jerry dédié à OSM Tchad photo: Imrane Ahmat Mahamat

Idriss Togoi et son équipe ont présenté la communauté OSM – Tchad et l’importance de la cartographie numérique libre.

Un autre thème a été animé par moi-même qui parle sur le concept de Jerry DIT ou l’apprentissage par expérimentation, là j’invite la jeunesse Tchadienne à bidouiller eux-même les outils numériques qui les servent, par exemple la construction des Jerry computers.

Au courant de la journée, les jeunes sont restés constamment connectés à l’internet avec l’aide de la société de télécommunications Airtel Tchad, 3 modems wi-fi avec 10 Go de données chacun nous ont été donnés. En plus de ces modems il y a aussi un cybercafé à la bibliothèque nationale avec une trentaine des machines connectées à l’internet et qui permit à un grand nombre de jeunes d’être formés et aussi de rester connectés.

Des jeunes sont connectés à l’internet avec des ordinateurs en bidon (Jerry)
Ceux-là surfent avec gros tablettes de Airtel Tchad copyright: Tchadinfos

Vers la fin de la journée, Mamadou Djimtebaye a animé un thème sur les défis du contenu local sur internet où il a invité les jeunes à documenter le Tchad sur internet, à créer des blogs qui parle sur nos réalités sociales (la culture tchadienne, le sport tchadien,… ), bref un contenu tchadien. Il a aussi parlé d’une chose qui est facile à expliquer mais difficile à comprendre, c’est l’économie numérique. Cette économie est mal ou presque pas connu par la plupart des jeunes Tchadiens. D’importantes questions lui ont été posées :

comment fais-tu pour gagner de l’argent avec ton site web ?

Pourquoi Facebook a acheté Whatsapp avec 19 milliard de dollars ? Comment va-t-il rentabiliser cet argent ?

Mamadou Djimtebaye explique l’économie numérique


Tchad : les salles de jeux PlayStation, un véritable fléau à Ndjamena

 Depuis quelques années les salles de jeux PlayStation sont devenues de plus en plus nombreuses à Ndjamena. Ces salles qui sont auparavant utilisées comme des lieux de distraction sont devenues à nos jours un véritable fléau pour les enfants et les adultes.

logo PlayStation   crédit: Creative Commons
logo PlayStation crédit: Creative Commons

 Pour les détenteurs des salles de jeux, c’est une véritable entreprise qu’ils ont là. Par exemple pour une personne qui a quatre PlayStations et quatre écrans, huit personnes peuvent jouer à la fois. Chaque joueur paye 50 FCFA par match (pour un match de 5 minutes).

Les salles de jeux et leurs effets sur l’éducation des enfants

 Les salles des jeux sont devenues des lieux de cache-cache refuges pour les enfants écoliers. Ces enfants passent tout leur temps dans ces salles de jeux pendant que les autres font cours à l’école. Même après les cours, certains passent directement dans les salles de jeux et ne rentrent que tard chez eux. Cet abandon d’école joue énormément sur l’éducation et l’avenir de ces enfants et donc contribue à la baisse de niveau en milieu scolaire.

Les salles de jeux, des véritables casinos

Illustration  crédit: Creative Commons
Illustration crédit: Creative Commons

Les adolescents et les adultes (des clandomen la plupart) quant à eux utilisent les salles de jeux comme des casinos. Différents jeux sont utilisés pour gagner de l’argent :

1. Match joueur/joueur

Dans ce jeu, chaque joueur dépose 2000 FCFA (sans compté le tarif du match) sur la table des jeux et à la fin du match, le gagnant remporte 4000 FCFA. Les joueurs peuvent choisir chacun son équipe.

2. Match joueur/ordinateur

Ici, chaque joueur peut aussi choisir son équipe mais l’un d’eux jouera contre l’ordinateur. C’est-à-dire que l’un des joueurs peut laisser l’ordinateur jouer à sa place. Dans ce jeu, le pari peut aller jusqu’à 5000 FCFA par joueur.

3. Match ordinateur/ordinateur

Même ici, chaque joueur peut choisir sont équipe mais tous les deux vont laisser l’ordinateur jouer à leur place. À la fin la somme revient au joueur de l’équipe gagnante.

Ces jeux de casino créent des sérieuses rivalités entre les jeunes, les perdants sont obligés d’aller voler de l’argent pour venir se venger. Parfois ces jeux créent des conflits entre les joueurs.

Pour les propriétaires des salles de jeux, ces jeux de pari leur apportent plus d’argent que des simples matchs. Parfois certains joueurs payent 100 FCFA par match dans un jeu de pari alors que le prix d’un match est de 50 FCFA. Pour eux, empêcher ces jeux de pari c’est tuer la poule aux œufs d’or.


Embouteillage en plein milieu du marché à mil de Ndjamena

Un embouteillage en plein milieu du marché à mil de Ndjamena causé par des voitures, des marchands ambulants, des motards, des piétons et des pousses-pousses. Chacun se sent prioritaire et personne ne veut laisser passer personne. J’ai assisté à cette scène pendant une bonne quinzaine de minutes. Je vous laisse découvrir à travers ces images.

Des voitures, des motards, des piétons, des pousses-pousses, des marchands ambulants en plein embouteillage
Des voitures, des motards, des piétons, des pousses-pousses, des marchands ambulants en plein embouteillage

 

Ici la tension a augmenté, il n'y a presque plus de passage
Ici la tension a augmenté, il n’y a presque plus de passage

 

Ces pousses-pousses sont sur le nerf, ils sont coincés derrière un taxi
Ces pousses-pousses sont sur le nerf, ils sont coincés derrière un taxi

 

Ce clandoman ne sait pas par où sortir avec sa cliente
Ce clandoman ne sait pas par où sortir avec sa cliente

 

Cet homme est coincé entre deux voitures et deux pousses-pousses
Cet homme est coincé entre deux voitures et deux pousses-pousses

 

La tension ne cesse d'augmenter
La tension ne cesse d’augmenter

 

NO COMMENT
NO COMMENT


Un zoom sur Marseille à 24H-1

Crédit: flickr.com
Crédit: flickr.com

Ndjamena est une ville qui a presque soixante et onze quartiers. Les Ndjamenois ont eu l’idée de donner un nom spécial à chaque quartier. Par exemple le quartier Ardep-djoumal s’est fait appeler Harlem City, Amtoukougne s’est fait appeler Amtock City, Moursal s’est fait appeler Marseille, etc. Bien qu’il y a plusieurs ethnies au Tchad, certains quartiers sont plus homogènes que d’autres (caractérisés par la présence d’une ethnie ou d’une activité quelconque).


J’ai été une fois dans un restaurant à Marseille Moursal jusqu’à minuit moins une heure (23 heures), pour prendre du café et échanger des idées avec les amis. Nous avons passé quatre bonnes heures avant de rentrer chez nous. Et là j’ai remarqué qu’il n’y a pas une grande différence entre les filles « panthères » de Ndjamena et celles sur lesquelles l’artiste afro-pop camerounais AMBE chante dans son clip (ci-dessous) intitulé « les filles de mon pays ».

En effet, c’est quand nous étions prêts à renter que l’ambiance a commencé à Moursal. Des nouvelles filles panthères presque nues qui arrivent et c’est là que la fête commence.

Même dans les quartiers les plus éloignés de Moursal, les jeunes, les hommes d’affaires utilisent un terme : « on part à la zone » pour dire qu’ils partent pour Moursal vers les 23 heures. Ces gens cassent des bouteilles boivent de l’alcool et passent la nuit avec ces panthères dans des auberges, etc.

Dans certains bars, il se passe des choses incroyables. Voici une vidéo intitulée « Les Moments forts au KIRIKOU BAR DANCING(N’Djamena,Moursal) » qui fait un zoom sur Moursal à minuit.

Jeunes ou vieux, hommes ou femmes, garçons ou filles, militaires ou civils, soyez conscients et responsables de ce que vous faites.

 


Le collectif WenakLabs, l’Atelier des médias/RFI et l’IFT organisent des ateliers numériques à Ndjamena

Le Collectif WenakLabs en collaboration avec l’Institut Français du Tchad (IFT) organisent des ateliers numériques avec la participation de Ziad Maalouf et Pierre Chaffanjon de l’Atelier des médias de RFI.

Crédit: atelier-numerique.fr
Crédit: atelier-numerique.fr

Ces ateliers seront tenus du 26 au 29 novembre 2014 à Ndjamena. Diverses activités sont au programme :

– des conférences (internet et citoyenneté privée)

– des formations (pour étudiants et journalistes)

– un grand débat sous le thème : l’impact des nouvelles technologies sur le développement au Tchad.

Il y aura aussi un tout premier BarCamp (nommé WenakCamp) à N’djamena au Tchad qui parle autour de la fracture numérique. Plusieurs panels seront au rendez-vous :

1. l’utilisation des réseaux sociaux.

2. plaidoyer sur les logiciels libres.

3. le Jerry Computer

4. l’économie numérique

5. l’internet pour tous.

6. le blogging

Logo de WenakCamp
Logo de WenakCamp

 

Voici la carte des lieux où se déroulent les activités:

Crédit: OpenStreetMap
Crédit: OpenStreetMap

Bonne participation à vous tous 😉 !

Quant à vous Ziad et Chaffanjon, WenakLabs vous remercie infiniment et vous souhaite la bienvenue !!!


Lettre à un médecin

Paix sur toi cher médecin d’ici et d’ailleurs. Je t’écris cette lettre pour te faire part de mon courroux. Je ne sais pas si je pourrais te faire la morale en face de toi. Pour autant, à travers mon blog, je peux rester serein et te dire directement ce que je pense de tes conduites. Te souviens-tu de l’article 76 (article R.4127-76 du code de la santé publique) ? Sinon je te rafraîchis un peu la mémoire :

« Tout médecin, quelle que soit sa forme d’activité professionnelle, est amené à remettre aux personnes qu’il a examinées tantôt une ordonnance, tantôt un certificat. Ce document signé engage sa responsabilité. Le médecin doit donc consacrer à sa rédaction toute l’attention et la rigueur nécessaire ».

J’espère que tu te souviens maintenant ? Tu es un médecin donc tu as une mémoire fraîche.

 

Crédit: www.leconomiste.com
Crédit: www.leconomiste.com

 

Alors pourquoi tu délivres des certificats médicaux aux personnes que tu n’as pas examinées ? De plus aux personnes que tu n’as même pas vues ?

Avant de nier quoi que soit, saches que j’ai entre mes mains un certificat médical que tu as délivré à un de mes amis sans même l’examiner. Si tu veux, je peux te répéter les phrases que tu as écrites :

« Je soussigné, Docteur en médecine, certifie avoir bien examiné le (la) nommé(e)………………………… né(e) le………….. à……………………………. et avoir constaté qu’il (elle) est sain(e), robuste, bien constitué(e) et cliniquement indemne de toute affection contagieuse aiguë telle que tuberculose ou lèpre.

J’atteste en particulier qu’il (elle) n’est ni bègue, ni sourd(e) et que sa vue est correcte.

Par conséquent, il (elle) est apte à…………………………………………. ».

Cher médecin, combien d’étudiants sont expulsés des universités à cause de toi parce qu’ils sont lépreux et tu leur as délivré des certificats médicaux sans les examiner ?

Cher médecin, combien des gens malades travaillent à la fonction publique à cause des certificats que tu leur as délivrés ?

Cher médecin, comment attestes-tu qu’un mutilé est sain, robuste et bien constitué ?

Cher médecin, comment sauras-tu qu’une personne inconnue n’est ni bègue, ni sourde et que sa vue est correcte ?

Cher médecin…

Cher médecin…

Excuses-moi si j’étais trop direct mais saches que je ne fais que te dire ce que je pense de tes actes insensés. À ce qu’on dit, la vérité blesse plus qu’une arme.

Cordialement.


Et si je faisais des relations intimes avec mes élèves ?

« Ces copies-là sont pour tes élèves ? » Me demande un ami. Je répondis : oui bien sûr ! Et je dois les corriger immédiatement. Il regarde le nom sur la première copie (celle d’une fille) et me dit : « Waouh ! Celle-là a un joli prénom, elle doit être sans doute belle ». Je lui ai regardé avec un air mécontent sans rien dire. Il me dit ensuite : « s’il te plaît donne lui la note de 18/20, parce que j’aime cette fille ». Étonné, je lui ai posé cette question : comment ça tu aimes cette fille alors que tu ne sais même à quoi elle ressemble ?

Photo: illustrations      crédit: philippe-watrelot.blogspot.com
Photo: illustrations crédit: philippe-watrelot.blogspot.com

 

Mon ami : Laisses tomber. D’abord, pourquoi tu ne sors pas avec tes élèves. Dans ton lycée tu as des tas de belles filles (les hamburgers, les chips-bergers, les poulets frits, etc.) mon ami, c’est une occasion en or. Il faut que tu goûtes à tout.

Moi : tellement étonné, je ne savais même pas quoi lui dire. Je lui ai dit tout simplement je ne suis pas intéressé, d’ailleurs je n’ai pas du temps pour ça.

Mon ami : Il faut que tu sois ouvert mon ami, profites-en putain de merde ! Donne leur juste des bonnes notes et tu verras qu’elles vont toutes courir derrière toi.

Moi : imbécile ! D’abord je ne suis plus ton ami ! Et s’il y a une personne cancre sur cette terre, c’est toi. Comment oses-tu me demander ça ? Pourquoi m’as tu pas demander de sortir avec ta sœur ?

Mon ami : S’il te plaît arrête-toi là! C’est juste un conseil que je te donne. Ce n’est pas la peine de m’insulter.

Moi : un conseil ? Tu appelles ça un conseil ? Salaud ! Je croyais que tu es un bon ami ! Va-t-en s’il te plaît. J’ai besoin de travailler.

C’est comme ça que je me suis débarrassé de lui.

Je profite de ce billet pour vous dire aussi que chez moi au Tchad, principalement à Ndjamena, la pauvreté et la corruption ne sont pas les seules à entraîner la baisse de niveau en milieu scolaire et estudiantin. Il y a aussi ces relations intimes entre professeur-élève ou professeur-étudiante. Travaille à l’école ou pas, une élève ou étudiante ayant une relation avec son professeur assurera sa moyenne de 12 ou 13/20 pour passer en classe supérieure.

Hormis cette baisse de niveau, les relations intimes entre professeur-élève ou professeur-étudiante créent d’autres problèmes d’ordre social. Mineures pour la plupart, ces filles élèves sont abusées sexuellement à cause d’une note de 18/20 que le professeur va leur attribuer. Elles engendrent aussi des sérieux problèmes entre un professeur et un élève (garçons) à cause d’une fille que tous les deux aiment.


Chez moi, le code de la route n’est qu’une expression et le permis de conduire n’est qu’une formalité

Une ville dont le nombre d’engins (à deux roues) ne cesse d’augmenter, Ndjamena est reconnu aussi par ces innombrables accidents de circulation. Avec un taux d’analphabétisme aussi important, le code de la route n’est qu’une simple expression que personne ne respecte. Résultat : il y a d’innombrables accidents tous les jours. La plupart des victimes sont des enfants et des jeunes.

Photo: code de la route    crédit: Creative Commons
Photo: code de la route crédit: Creative Commons

 

Conduisant la plupart sans permis, les jeunes font souvent des accidents de circulation. D’ailleurs le permis n’est qu’une formalité pour éviter la police ou la BCR (Brigade de Circulation Routière). Passés ou non par une auto-école, les jeunes ndjamenois qui savent conduire une voiture ou une moto auront facilement leurs permis de conduire, avec l’aide d’un parent qui travaille à la direction de police ou l’aide d’un ami policier, etc.

les Ndjamenois ont aussi l’habitude d’utiliser leurs bras à la place des clignotants. Pour une personne qui vire à droite par exemple, il écarte son bras pour indiquer à ceux qui se trouve derrière lui qu’il veut virer. Pour un étranger par exemple, il va mal interpréter le signe et donc fera un accident. Il y en a d’autres qui utilise le clignotant gauche alors qu’ils virent à droite.

Vraiment ça ne marche pas !


Qu’est-ce qui nous passe dans la tête quand on croque une canne à sucre ?

Arrive à Ndjamena vers le mois de novembre, la canne à sucre dure trois ou quatre mois (novembre-janvier ou novembre-février, les mois de la fraîcheur). Elle est vendue sur les marchés, aux quartiers et même chez les vendeurs ambulants (avec des pousses-pousses et des brouettes). Agréable à croquer, il est très difficile de la donner à un ami qui se trouve juste à côté. Bien que bénéfique, la canne à sucre a aussi des effets secondaires sur nous. Je ne sais pas exactement ce qui nous passe dans la tête quand on la croque ?

Photo: cannes à sucre     copyright: khudary
Photo: cannes à sucre copyright: khudary

 

Quiconque perd la raison pendant quelques secondes quand il croque une canne à sucre. Certaines personnes entrent en profonde réflexion, certaines ne regardent pas une chose qui se trouve à deux mètres d’eux et d’autres ne peuvent même pas répéter ce qu’on leur dit. Je ne sais pas si le liquide sucré nous remonte directement dans la tête ? Ou qu’il a un effet sur nos organes de sens (excitateur/inhibiteur) ?

La scène classique était celle d’un Chinois qui a bousculé un engin (moto) garé devant une boutique. Ce chinois travaillait dans un chantier de construction du goudron allant vers le pont de Chagoua. Il s’est tellement concentré sur le goût sucré de la canne qu’il n’a pas remarqué qu’une moto est garée. Il a bousculé la moto. Heureusement que la moto n’est pas tombée, sinon je n’imagine pas exactement ce qu’il répondra quand on lui pose ces questions : « où est-ce que tu regardes man ? Tu as les yeux fermés ou quoi ? »


Chez moi, il y a ceux vivent et ceux qui survivent

L’écart entre les fortunés et les indigents est trop grand chez moi au Tchad. Nombreux sont ceux qui cherchent à survivre que ceux qui vivent. D’ailleurs il y a des pauvres, des moins pauvres, des riches et des richards. Ce fossé social a aussi des effets sur les enfants. D’une part les enfants gâtés qui ont tout ce qu’il faut durant leur enfance, au-delà de leurs attentes. D’autre part des pauvres enfants dont personne ne s’occupe. Ils sont mal nourris et non pas de jouets, hormis ceux qu’ils se fabriquent. Voilà ce qui caractérise l’enfant d’un richard à celui d’un indigent.

Image d'illustration    crédit: www.yogaetcompagnie.com
Image d’illustration crédit: www.yogaetcompagnie.com

1. L’éducation

Si plus de 80 % des enfants ne sont pas à l’école, c’est parce que la plupart des Tchadiens sont pauvres. Les moins pauvres envoient leurs enfants dans les écoles publiques, là où les maîtres et maîtresses sont mal ou pas payés. Alors ces pauvres enfants n’ont pas cours régulièrement parce que le maître ou bien la maîtresse n’est pas là. Tandis que ceux des riches fréquentent les écoles privées où ils se rendent en voiture.

2. L’alimentation

À l’heure où vous lisez ce billet, il y a des enfants qui n’ont même pas faim et qui sont en train de manger. Il y a aussi des enfants qui ont vraiment faim et qui n’ont rien à manger. Certains mangent n’importe quoi pour remplir le ventre « parce qu’il faut manger pour survivre », souvent des bouillies stériles, sans apport pour l’organisme, alors qu’un enfant doit normalement manger cinq fois par jour. Même à l’école les enfants des pauvres mangent peu ou presque pas, car ils n’ont pas d’argent. Alors que ceux des riches ont des sandwichs dans leurs sacs. Ils ont aussi de l’argent pour acheter quoi qu’ils veulent.

3. La corpulence

physiquement, on peut identifier un homme pauvre et un richard, mais pour identifier les enfants c’est encore plus facile. L’enfant d’un riche a toujours une bonne hygiène corporelle, les cheveux bien coiffés, les ongles bien taillés, des os bien durs, bref un très bon corps. Il est toujours souriant et donc attirant, il est souvent le chouchou de la maîtresse. Tandis que celui d’un pauvre est avant tout affamé, les parents ne s’occupent pas bien de lui, il est souvent morveux, il est toujours fâché et quand on le touche il pleure, bref il est pleurnichard.

4. Habillement

Un enfant d’un riche est toujours bien habillé par rapport à celui d’un pauvre. Il a tellement d’habits qu’il ne sait même pas lequel choisir. Il y a des personnes (les fonctionnaires de rue de 40 m) qui s’occupent de ses habits. Celui d’un pauvre n’a pas de beaux vêtements parce que les parents n’ont même pas d’argent pour la nourriture.

5. Les jouets

Là au moins, les enfants des pauvres ont un avantage (du point de vue technique) par rapport à ceux des riches. Ils fabriquent eux-mêmes leurs jouets, alors que ceux des riches ont presque un parc d’attractions chez eux. Ci-dessous sont deux exemples de ce que ces pauvres enfants construisent :

Le ballon

Si l’enfant du riche a des ballons en cuir ou en plastique, ce pauvre fabrique lui-même son propre ballon en chaussette. Ce dernier est fabriqué à base d’une vieille chaussette, dans laquelle les enfants mettent des sachets en plastique (Leda en Arabe local) jusqu’à ce qu’elle devienne dure et prendre une forme ronde.

Un enfant avec une balle en chaussette  crédit: khudary
Un enfant avec une balle en chaussette crédit: khudary

Les voitures

Quand les riches ont des voitures télécommandées, les pauvres se trouvent sous un arbre en train de fabriquer leur propre voiture à base de fils métalliques qu’ils ramassent dans des chantiers, ou à base des boîtes de conserve (des boîtes de lait, de sardines, de jus… que les richard ont jeté après consommation) qu’ils récupèrent dans des ordures.

Chez moi, les pauvres demeurent toujours des pauvres et les riches deviennent des richards. Donc il y a toujours ceux qui vivent et ceux qui survivent.

C’est comme ça !